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Ta Ouneshou
13 août 2009

Frûlé Songe-Plume

Frûlé était extrêmement concentrée. A deux branches de là, un jeune pinson s’était lancé dans une ode au soleil d’une poésie touchante, et la Songe-Plume songeait sans aucun scrupule à lui voler quelques notes. Ce trille descendant serait du plus bel effet, accommodé de quelques fioritures. Ou peut-être d’un…

«  Frûlé ! »

Le pinson effrayé s’envola, et une œuvre fut perdue pour la postérité.

 

La Songe-Plume déploya ses ailes et plana jusqu’au sol, avant de se métamorphosée en une forme plus adaptée à l’équilibre terrestre. Elle s’efforça de garder un air impassible, afin de ménager son effet.

- Que puis-je pour toi, Grèvet ?

- Tu es attendue pour la cérémonie de la septième heure, Frûlé. La Dame m’a demandé de venir te chercher.

- As-tu seulement consciences de ce que tu viens de faire, Grèvet ? l’interrogea-t-elle avec un tremblement dans la voix qui laissait deviner sa colère.

- Et bien… je t’ai prévenue à temps ? répondit-il, le ton incertain.

- Tu as tout gâché ! Mon œuvre ! Ma vie ! Ma révélation artistique ! L’inspiration de toute une existence ! Tu…

- Veux-tu un cookie ? Athro m’en a passé pour toi, aux noix de pécan.

Frûlé oublié instantanément sa colère : « c’est vrai ? donne ! donne ! ».

 

Tandis qu’elle dégustait les petites merveilles gustatives du vieil Artho, Frûlé du faire face à une impossibilité technique : elle ne pouvait à la fois utiliser ses mains pour dévorer les gâteaux et déployer ses ailes pour voler, aussi c’est en marchant que les deux êtres-oiseaux se dirigèrent vers l’arbre-temple.

 

Grèvet était habitué à l’humeur changeante de la dame-oiselle ; cela faisait quatre ans maintenant qu’il avait été désigné comme son servant. Il y avait pire, et dans le fond il l’aimait bien, aussi envisageait-il, dans un proche avenir, de la courtiser. Il l’admira du coin de l’œil. Elle était assez belle ; son plumage était d’un joli vert pâle, agrémenté de quelques plumes jaunes. Sa peau était très délicatement dorée, comme un soleil timide un matin de printemps. Ses ailes, dont émergeaient de délicates mains pleines de cookies, étaient à l’heure actuelle aussi ébouriffées que ses cheveux, dont elles partageaient la couleur. Quant à ses yeux, Grèvet leur trouvait toutes les qualités qu’un jeune mâle enamouré trouve aux yeux de son oiselle.

 

Frûlé remarqua son attention et releva un minois couvert de miette vers lui. Le jeune être-oiseau ne put s’empêcher d’éclater de rire et Frûlé fronça immédiatement les sourcils :

- Qu’y a-t-il encore ?

- Rien, petite caille, tu es juste adorable quand tu t’énerves. Veux-tu que je te chante un air ?

 

Si la voix des mâles était moins délicate que celle des femelles, elle n’en était pas moins mélodieuse, et la forêt se tue pour écouter le Songe-Plume.

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