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Ta Ouneshou
29 mars 2010

La vie est un conte

   Le jour de Saturne fut une très belle journée. Elle commença - outre les ablutions matinales - par une chasse au trésor non loin de l'ancienne léproserie du ressuscité. Forte de mes trouvailles, je rejoignis ensuite quelques amis pour festoyer autour d'un banquet du matin frais à midi, donné en l'honneur du jour de naissance de Boucle d'or - venue sans son ours.

  Je me rendis ensuite auprès de la petite princesse afin d'accomplir mon devoir de fée marraine en lui prodiguant un vœu de bonheur et en lui faisant don d'un familier qui la guidera et la réconfortera dans les peines futures. L'adorable enfant laissait soupçonner quelques origines sylvestres, voire lupines, avec ses petites griffes aiguisées, phénomène que je m'expliquai par son ascendance paternelle, son ancêtre au premier degré dans cette branche étant un manant rustre et sans égards.

  Je rentrai alors quelques temps me reposer dans mon manoir, et savourai l'eau du dragon noir au lotus en compagnie de Pierre Lapin. Mais l'heure filait, aussi je m'apprêtai soigneusement pour aller danser : une robe aussi ample qu'un fleuve, des boucles de Calypso, un peu de fard, et de l'essence d'iris. Je chevauchai le dragon chthonien - une brave bête, bien que parfois un peu capricieuse et feignante - jusqu'au donjon où avait lieu le bal. Là je fus rejointe par une Boucle d'or pleine de religiosité et deux anciennes sirènes de mes amis, l'une ayant trouvé sa vocation en tant que magicienne, l'autre plus axée sur la vapeur piquante. Une transmutation de l'eau, son élément originel, sans doute. Mais mes tendres amies étaient soumises à des sortilèges de la catégorie citrouillesque, aussi je dansai seule jusqu'au bout de la nuit.

   Le lendemain, jour sacré, je m'accordai un repos bien mérité, comme un lointain ancêtre l'avait lui-même fait, la haut, il y a bien longtemps. Je pensais passer les dernières heures du jour avec une aventurière au grand cœur qui s'apprêtait à s'envoler pour d'autres cieux, mais fut convainque par mon confrère sorcier de rester au manoir pour l'aider à former une jeune apprentie. Cependant la gourgandine ne se présenta pas à nos portes, et je fus fort marri d'avoir ainsi gaspillé mon temps.

   Arriva alors le jour présent, jour de la lune. Suivant un rite hebdomadaire, je rendis visite au rebouteux du village et bénéficiai de ses soins oh combien magiques. Le reste de la journée fut consacrée à divers travaux ésotériques. Je rédigeai un codex portant sur un peuple mystérieux aux étranges coutumes monolâtristes, dans une langue secrète et exotique venue d'outre-Manche afin qu'il ne puisse être décrypté par un profane, et je méditai à l'aide d'ouvrages de mes prédécesseurs sur le sens de ma profession. J'expérimentai aussi, en ce jour , le sublime élixir des aiguilles d'argent - toujours en compagnie de Pierre Lapin, comme il se doit, et je réjouis mes oreilles de douces fééries Tchaïkovskiennes.

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