S3E3 : miscellanées de ces dix derniers jours
Tout d’abord on continue avec les stocks d’échantillons,
ceux d’Amouage cette fois.
Epic Woman : Des fleurs épicées, animales, sur un fond balsamique
et boisé doux. Pas mal pour un floral.
Ubar Woman : Tête d’hespéridé, fleurs opulentes, rose
et muguet, sur un fond oriental poudré : un parfum à l’ancienne, de dame élégante
de mon enfance.
Dia Man : Un masculin classique, boisé et savonneux, je
n’aime pas trop.
Jubilation XXV : Un beau boisé, avec des baumes, de
l’encens, et plein de belles matières, plutôt masculin, chaud, élégant. Hélas
avec le temps une rose se développe et devient vraiment très acide, limite
pipi.
Ensuite, test de deux des Heures de Cartier, I L’Heure Promise et XII L’Heure Mystérieuse. Je les ai essayées en magasin le week-end dernier, lors d’une balade avec d’autres amateurs de parfums. Normalement ils ne donnent pas d’échantillons. Devant l’enthousiasme de notre petit groupe, la vendeuse a accepté d’en donner un à chacun. Mon roleplay de mendiante l’a convaincu de m’en donner un deuxième – je n’ai pas plus insisté, même si j’aurais bien aimé avoir aussi l’échantillon de la Treizième Heure. Je n’ai pas pu faire un compte-rendu de cette expédition, car un rhume avait altéré mon odorat et l’a même fait disparaître le soir qui a suivi et le lendemain.
L’Heure Promise : Pendant des mois, j'avais cherché mon
"iris parfait", un iris qui sent l'iris sans être froid comme une
lame de rasoir, enjolivé par quelques notes fleuries très discrètes, avec un
fond moelleux et boisé comme je les aime. J'avais fini par renoncer à cette
quête.
C'est à ce moment que je l'ai trouvé, ET ÉVIDEMMENT C'EST L'UN DES PARFUMS LES
PLUS CHERS DU MARCHE ! Au point que je me demande s'il n'y a pas un effet
psychologique, l'idéalisation de ce qui est inaccessible. Mais je ne crois pas,
ce sont vraiment les notes que je cherchais. Le seul défaut est la tenue un peu
faible.
L’Heure Promise est parfaite. Elle a une ouverture fraiche
et agréable : de l’herbe coupée. C’est une révélation pour moi, l’herbe
constitue une alternative aux hespéridés qui me rebutent tant, et m’ouvrent ainsi
le territoire des parfums légers et printaniers – même si hélas les parfums à
l’herbe sont rarissime en comparaison de ceux aux hespéridés. Le cœur d’iris
est magnifique, un véritable iris, pas seulement un voile de poudre comme dans
de nombreux parfums qui s’en réclament. Mais si les notes métalliques et
racinaires se devinent, elles sont adoucies par quelques notes fleuries, très
discrètes, qui n’empiètent pas du tout sur le beau rhizome. Un iris doux comme
une plume. Enfin, un fond moelleux, un édredon de bois souples et crémeux, de
santal et de musc. Je peux mourir maintenant, j’ai senti le paradis.
L’Heure Mystérieuse : Une heure très étrange. Elle est avant tout cuirée, mais d’un cuir rude et froid qui a oublié ses origines animal – Le Nombre d’Or Cuir de Mona di Orio me fait un peu le même effet. Ce cuir est enrobé d’une fumée d’encens aux accents de pierre froide, comme dans Encens Flamboyant, de Goutal. Le cuir est une note qui tient très mal sur moi, en général il s’efface assez vite pour « dévoiler » ses ingrédients (puisque le cuir en parfumerie est toujours une composition). Ici, il provoque une réaction assez étrange, il laisse derrière lui un reliquat qui transforme presque l’encens en… aldéhydes ! Pourtant je ne crois pas qu’il y en ait dans la composition : les aldéhydes me donnent immanquablement mal à la tête. Très étrange…
Ce samedi, nouvelle expédition, dans le Marais.
Je commence par la boutique Marie-Antoinette, place du
marché Sainte-Catherine. Je dis boutique plutôt que parfumerie, car ce dernier
terme a perdu de sa valeur avec les supermarchés du parfum impersonnels actuels.
Ici l’on entre dans une boutique de parfum idéale, tenue par un passionné. En
raison de son manque de place, le monsieur à du faire des choix draconiens, mais
il n’a choisi que des marques parmi les meilleurs – dont certaines sont très
difficilement trouvables : Parfums d’Empire, Frapin, Mona di Orio, Piguet,
d’Orsay… Il vend aussi quelques autres produits olfactifs qui lui tiennent à
cœur, bougies, etc… et aussi les produits de toilette de Claus Porto – seule
marque portugaise au milieu d’une sélection française, parce que son grand-père
se fournissait chez eux.
Voici son site internet (pour une fois que je fais de la
pub) : Marie-Antoinette
Les essais sur peau :
Tilleul d’Orsay : L’après-midi a été longue, aussi quand je suis rentrée, il s’était estompé et je n’ai plus que quelques souvenirs. Le départ est assez acide, ce qui me gêne toujours. La tête contient de l’angélique, note que j’ai encore du mal à cerner, et des feuilles de citronnier à la fraicheur pas désagréable, une fois l’acidité passée. Dans cette fraicheur s’épanoui le tilleul, un peu poudré, et très miellé – la composition révèle du bois d’acacia et de la cire d’abeille. Un parfum frais et apaisant, comme une soirée légèrement venteuse au début de l’été.
J’ai ensuite essayé les trois Nombres d’Or de Mona di Orio,
qui sortiront à l’automne mais dont Marie-Antoinette a des mini flacons pour
les tester. Là aussi, impressions de mémoire.
Cuir : Et bien... du cuir. Le plus pure que je
connaisse (mais je n'en connais pas encore beaucoup), il laisse à peine deviner
ses notes boisées. On est loin d'un cuir chaud et épicé comme Peau d'Espagne.
Ce cuir serait plutôt froid, comme celui de L'Heure Mystérieuse. Il est très
rude aussi, très brut.
Ambre : Un bel ambre très doux et poudré, grâce à des fleurs discrètes et à des
baumes, un peu cosmétique, mais presque pas gourmand. J'aime beaucoup.
Musc : Il ne me faisait pas du tout envie car j'ai un gros problème avec la
rose, je l'ai senti histoire de, et en fait il est superbe. Un musc très doux,
avec une rose discrète, ni acide ni corrompue, presque miellée par les baumes.
J’ai fait également quelques essais sur papier.
Deux autres Mona di Orio :
Amytis : Il était prometteur, avec des épices, de
l’iris, de la violette, des bois… Hélas la mousse de chêne du fond chypré est
beaucoup trop présente pour moi, je n’aime pas du tout.
Chamarée : Très doux et poudré, une jolie petite touche
de lavande, avec un fond baumé et animal, il faudra que je le ressente.
Aziyadé de Parfum d’Empire : Délice oriental, de fruits
confits et d’épices, enrobés d’une volute d’encens. Un peu trop sucré pour moi,
mais pas mal du tout.
Quelques Robert Piguet :
Baghari : Doux, boisé, baumé, animal, il faudra que je
l’examine de près.
Visa : Un peu trop fleuri-fruité-sucré au départ, il se
révèle ensuite plus intéressant, plus animal, avec de l’immortelle, des baumes
et des bois. A réexaminer aussi.
Bandit : Un vétiver enrobé de choses plus douces, mais
un vétiver quand même : comme Schéhé d’Ambre Gris, j’ai vraiment du mal
avec cette matière.
Je suis ensuite passé à une boutique Esteban, marque que je ne connaissais pas et que je suis contente d’avoir découverte, il y a quelques parfums qui m’ont beaucoup plus. J’ai eu des échantillons de la plupart de ceux qui m’intéressaient, je parlerai de ceux-ci quand je les essayerai.
Ensuite, je suis passée à l’Artisan Parfumeur de la rue des
Franc-bourgeois. Histoire improbable : ils vendaient, soldés, Vanilia,
Ananas Fizz, Iris Pallida 2007 et Fleur de Narcisse 2006. Les deux premiers
sont discontinués, les deux autres des crus en édition limité écoulés depuis un
moment. En fait, le BHV a retrouvé un stock oublié, et l’a rendu à la boutique
du fournisseur la plus proche. J’ai pris Fleur de Narcisse ; voici mes
premières impressions :
Fleur de Narcisse : Une fleur douce mais rustique, au
milieu du foin. Elle a des accents tabacés, cuirés, animaux, et des notes de
cassie, cette fleur poudrée qui m’évoque l’odeur de la peau. Je ne connais pas
les autres parfums au narcisse, je n'ai pas d'éléments de comparaison, mais je
trouve ce parfum superbe.
J’ai aussi fait le stock d’échantillons ; il y en a deux qui me plaisent bien, Premier Figuier Extrême et Mimosa pour moi (commentaires des échantillons de l’AP à l’occasion).
La suite de mes pérégrinations m’a menée chez Nicolaï – aucun parfum ne m’a tenté, en revanche les bougies sont sympas, et chez Etat Libre d’Orange mais je n’ai pas eu le temps d’y rester. Il faudra que j’y retourne, pour prendre le temps de découvrir toute leur gamme. Enfin sur le chemin du retour, passage aux Galeries Lafayette, où j’ai essayé Bellodgia de Caron, hélas en eau de toilette et non en eau de parfum.
Bellodgia de Caron (edt) : il s’agit d’un œillet – je m’intéresse à l’œillet ces derniers mois – version douce et fleurie (l’œillet a une note peut clou de girofle et peu donc se décliner en mode épicée). Hélas le départ est aigrelet, pas agréable – la faute aux hespéridés et à la rose, mais apparemment l’eau de parfum n’a pas cet effet. Je devrais pouvoir vérifier cela bientôt.