Carnet de séjour au Caire 1
Ce soir, je suis au bar à chicha Shakawa, à côté de la résidence où je loge. Je suis déjà venue hier, et je pense que ce sera ma petite habitude vespérale, entre 21 et 22h.
Les cours ont commencé aujourd'hui, et ils sont de bonne qualité. J'ai 2h30 de cours d'Arabe Egyptien courant le matin et 3h d'Arabe moderne standard l'après-midi.
La résidence est composé d'appartements avec plusieurs chambres individuelles.
Nous sommes cinq dans l'appartement que j'occupe, avec deux salles de bain, une cuisine et un salon en commun. Mes colocataires sont un français, une italienne et une allemande, et une suédoise qu'on ne voit jamais. Avec les trois premiers, nous nous entendons bien, l'ambiance est bonne.
Nous parlons en anglais avec les autres étudiants la plupart du temps, mais comme il a plusieurs francophones, je m'embrouille parfois, parlant avec ces derniers en anglais, ou en français avec des personnes qui ne le comprennent pas.
J'ai trouvé du savon liquide à l'oud aujourd'hui !
C'est amusant car je venais de mettre un parfum à l'oud, Aoud de Nuit de la Compagnie Sud Pacifique. En journée, le Caire empeste la pollution automobile surchauffée au soleil, c'est assez désagréable, mais le soir, les odeurs de la ville égyptienne se réveillent, dans la moiteur nocturne : des odeurs de poussière, de terre, mais aussi de foin, et quelques effluves animales plutôt agréables.
Contrairement aux autres villes d'Egypte que j'ai déjà visité, il y a peu d'animaux dans la ville. J'ai toutefois croisé un âne. Et il y a plein de chats, dont de minuscules chatons pas plus grands qu'une main. Il y a aussi quelques chiens qui flemmardent où ils peuvent, sur le toit des voitures, le soir, par exemple. Le soir, la ville retrouve son âme méditerranéenne. Des femmes bavardes sur des fauteuils au seuil de leurs maisons, des hommes jouent aux dominos à des tables dans la rue.
Quelqu'un m'avait demandé quel genre de chaussures portent les égyptiens. Je vais profité du sujet pour parler de l'habillement en général. Il varie avant tout en fonction du statut social, avec une distinction entre d'une part les citadins de classes élevées et moyennes, d'autre part les gens plus humbles et les ruraux. Ensuite, il dépend de l'âge, les personnes âgées gardant des vêtements traditionnels tandis que les jeunes intègrent des éléments occidentaux. Mais ce critère peut être contrebalancé par des critères religieux, les pratiquants rigoureux arborant des vêtements plus "traditionnels", même s'il s'agit parfois de la tradition d'un autre pays !
De nombreux hommes, ceux d'âge mûr, portent des chaussures de ville en cuir, avec pantalon de costume et chemise, à manches longues ou courtes.
Sinon, ils sont en djellaba – surtout les vieux et les hommes du peuple, ou jean avec t-shirt ou chemise – les jeunes. Ils ont alors au pieds indifféremment des baskets ou des tongs – parfois des sandales. L'assortiment djellaba baskets est détonnant mais très courant.
Les femmes portent surtout des baskets ou des tongs, il y a très peu de chaussures de ville, seulement chez quelques bourgeoises. En revanche les chaussures sont totalement indépendantes des vêtements, on voit toutes les combinaisons. Quelques femmes portent le tchador avec une ouverture seulement pour les yeux. Mais cela reste rare, car ce n'est pas un vêtement traditionnel de l'Egypte mais d'Iran ; de plus le raffinement des tissus et des accessoires montre que ce ne sont pas des femmes du peuple qui s'habillent ainsi.
Les femmes d'un certain âge portent pour la plupart une djellaba avec un voile. Lorsque la tenue est intégralement noire et sans broderies, il s'agit soit de femmes pauvres, soit de "traditionalistes" ; la qualité des tissus les distingue facilement. Les autres portent des djellabas et des voiles de couleur, ou noir avec des broderies.
Les jeunes et les femmes actives sont généralement en vêtement occidentaux arrangés pour être « hijab ». Les plus sages sont en jupes longues et chemises à manches longues, avec le voile qui leur couvre le cou. Les plus fashions portent des jeans moulants, des pulls à col roulé avec un débardeur par dessus, et parfois un voile qui ne couvre que les cheveux.
Les femmes sans voiles sont très rares aujourd'hui, moins d'une sur dix, alors qu'il y a dix ans je les avaient estimées à la moitié de la population féminine. Je ne sais pas combien parmi elles sont des coptes et combien sont des musulmanes. Les manches courtes sont également très rares, soit chez des femmes non voilées, soit chez des petites filles, avec ou sans voile.
Cependant il est remarquable que les femmes se fréquentent indépendamment de la rigueur de leur tenue :