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Ta Ouneshou
20 juillet 2010

Pleine Lune de Bertrand Duchaufour pour Ann Gérard

pleine_lune


Notes préliminaires :
Je m’intéresse en ce moment à la fleur de cassie, donc il est possible que mon nez ait eu tendance à se focaliser dessus.

Le cuir ne tient pas très bien sur ma peau, ici heureusement il s’est contenté d’être discret, mais j’ai du me concentrer pour le sentir.

Je ne raffole pas des aldéhydes, qui ont tendance à me donner mal à la tête.

 

A la vaporisation, c’est un éclat d’iris ascendant carotte, façon Bois d’Iris de the Different Company, avec quelques feuilles de coriandre, qui jaillit. Le papier retient cet aspect du parfum pendant des heures.

Sur la peau, il devient immédiatement d’une propreté absolue, aldéhydes abstraits et métalliques, à peine ponctuée d’une pincée de coriandre en poudre. Les hespéridés ne se laissent devinés que par leur fraicheur. Nous sommes dans une pièce nue et froide aux murs blancs, quelque part entre le laboratoire inhumain d’un film de science-fiction et la salle d’attente après la mort. Ce parfum devait évoquer le blanc, c’est réussi. La propreté absolue dont je parlais plus haut n’a rien à voir avec l’odeur de propre habituelle, muscs blancs ou autres, qui évoquent plutôt une odeur de linge qui vient d’être lavé. Ici, nous sommes en territoire aseptisé, l’odeur paradoxale de l’absence d’odeur.


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La carotte d’iris revient, et s’enrobe de cette odeur métallique et aldéhydée. La coriandre se développe véritablement et avec ce qui doit être l’angélique teinte le blanc d’un peu de vert, comme une jeune pousse à peine sortie de terre. L’ambrette adoucie et réchauffe un peu – tiédie serait un meilleur terme - cet univers très froid.

Serait-ce le jasmin que j’aperçois ? Je n’en suis pas sûre, si jasmin il y a, c’est un lapin blanc, à peine aperçu, à peine disparu.

La fleur de cassie fait son entrée, avec sa petite note de carton. Nous voguons vers la lune à bord d’une nef aux voiles de papier, au milieu d’une pluie d’argent, d’iris métallique aldéhysé.


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Sous les pétales de la fleur de cassie se cache l’odeur de peau d’une femme. Annonce-t-elle le cœur de cuir promis ?

Au creux du poignet, les fleurs de cassie et les aldéhydes de ce tableau dominent, mais dans sillage de mon cou, je sens plutôt l’iris carotte.

Le cuir, enfin, se développe, mais c’est un cuir discret, et qui plus est un cuir qui vient d’être repassé au fer ! C’est spécial.

Le cuir, qui aspire à la chaleur, et les aldéhydes froids jouent à cache-cache, la fleur de cassie assure un trait d’union. Les flocons de neige de l’iris, désormais poudré, tombent lentement sur la scène, qui se fige longtemps.

Près d’une heure après vaporisation, les notes de fond commencent à être perceptibles, musc blanc qui renforce l’impression qu’on a fait subir un mauvais traitement au cuir (laver et repasser du cuir, quelle idée…), heureusement le boisé doux mais un peu épicé du santal vient lui redonner un coup de fouet «  tu es un animal, que diable, ne te laisse pas blanchir ainsi ! », tandis que l’iris toujours poudrée devient également crémeuse et vanillée. Les aldéhydes sont toujours présents, mais ils ne refroidissent plus le cuir, qui peut enfin se réchauffer un peu. La fleur de cassie devient plus discrète.

Enfin, deux heures après vaporisation, les aldéhydes commencent à s’atténuer (enfin). Il s’en dégage un cuir doux, délicatement fleuri et poudré par l’iris et le musc blanc – rien à vois avec un Cuir Mauresque, cuir gras et jasmin opulent. La touche vanillée qui enrobe l’iris s’affirme et se révèle comme résine balsamique (styrax d’après le descriptif) pour venir se fondre dans le santal et former un fond crémeux et légèrement boisé. Cette phase aussi tourne au cache-cache, entre aldéhydes et musc blanc d’une part, et cuir baumé d’autre part, la touche florale restant comme précédemment le trait d’union.

Je crois qu'il a trouvé son rythme de croisière - il lui a quand même fallu plus de deux heures pour y arriver. Cela fait 5h que je le porte, et il est en pleine forme, je pense qu'il pourrait facilement tenir jusqu'à demain soir.
Le sillage m'a l'air correcte, sans être non plus énorme (je ne suis douée pour me rendre compte du sillage).

Sur le tissu, le côté iris carotte ressort beaucoup plus - mais moins que sur le papier. Sur les deux, l'évolution est moins grande et plus lente - il a fallu 3 heures au moins pour que les aldéhydes apparaissent...

A part ça, je viens de relire Grain de Musc, et je pense qu'il y a en effet des notes fruitées, mais elles se fondent - sur ma peau en tout cas - dans les aldéhydes et les renforce. Je comparerais cela à l'effet que j'ai ressenti avec la framboise dans Tuscan Leather de Tom Ford : on ne la sent pas en tant que telle, mais par un mélange inhabituel elle apporte un côté étrange, un peu extraterrestre, à la composition.


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Le lendemain : j’ai fait attention à ne pas laver l’un de mes poignets, pour continuer à suivre l’évolution. 17 heures après vaporisation, le parfum est toujours présent, à peine atténué – et je n’avais mis qu’un seul pchit sur le poignet. Les aldéhydes ont à peu près disparu, laissant un bel iris complet, racine-métal-poudre, comme dans Bois d’Iris de The Different Company. Il est enrobé de musc blanc, mais chaleureux, grâce au cuir, qui n’est plus présent que par ses effets. Il constitue un trait d’union entre l’iris et la peau, le réchauffe, le rend vivant, l’animalise. Les notes de fond aussi ne sont plus présentes que par leurs effets : les matières crémeuses adoucissent, alanguissent même l’iris, tandis que le santal, dont on ne perçoit plus qu’une petite touche piquante, enracine l’iris dans la peau, lui assure sa tenue.

Si ce parfum n’avait eu que cette dernière phase, je l’aurais adorée. Mais je crois que les aldéhydes et moi, cela n’accroche vraiment pas.

Côté papier, l’évolution se fait vraiment au ralentit : les aldéhydes sont désormais la note principale avec la fleur de cassie, tandis que les notes de fond commencent à être perceptibles.

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